Pour la majorité des patients, le port d’une prothèse oculaire ne provoque aucun trouble particulier. Parfois, un écoulement de sécrétion muqueuse peut cependant se manifester. C’est un trouble bénin mais il peut s’avérer très désagréable s’il devient chronique.
1) Nature des sécrétions : Malgré leur aspect jaunâtre, visqueux et parfois abondant, elles ne sont pas pyogènes. Ce sont des sécrétions muqueuses naturelles, comparables à celles de la sphère rhinopharyngée. Un prélèvement bactériologique se révèle souvent négatif, ou ne montre que la présence de germes saprophytes. Bien sûr, le processus peut parfois dégénérer en conjonctivite infectieuse.
2) Une étiologie complexe : a) Causes liées à la prothèse: Négligence d’entretien : L’entartrage de la prothèse est la principale cause d’irritation de la conjonctivite et de l’hypersécrétion. Manipulations excessives de la prothèse : Certains patients, croyant bien faire, retirent trop souvent leur prothèse oculaire, une à plusieurs fois par jour. Or, plus on retire la prothèse, plus l’écoulement de sécrétion est abondant... Seuls, certains cas de prothèse de recouvrement sur globe oculaire sensible peuvent justifiés de l’enlever quotidiennement pour une meilleure tolérance. Altération de la prothèse (ex: trempages répétés dans l’alcool). Prothèse trop petite ou trop ancienne, favorisant la rétention des larmes et des sécrétions dans la cavité. Une nouvelle prothèse, réalisée à partir d’une empreinte conforme à la cavité, est alors nécessaire.
REMARQUES Bien qu’évoquées parfois lors de troubles fonctionnels, les cas d’allergie à la matière plastique constituant la prothèse, sont très rares. Par contre, sur une prothèse très encrassée, une réaction allergique auto-immune au dépôt protéique est tout à fait possible. |
b) Causes liées au porteur de la prothèse. Troubles anatomiques palpébraux : Conséquence fréquente de l’énucléation, la rétraction des muscles palpébraux provoque un manque d’occlusion. Les larmes stagnent, s’épaississent puis forment un dépôt de sécrétions qui s accumulent à la surface de la prothèse, à la partie médiane non balayée par les paupières. Le patient se plaint d’un oeil chassieux au réveil et d’une sensation désagréable de ”gravier” dans la journée, due aux sécrétions séchées qui glissent sous la paupière. Cette cause d’hypersécrétion, d’origine mécanique, est très difficile à traiter. Seule une diminution du volume de la prothèse peut permettre un léger soulagement, en facilitant l’occlusion palpébral et l’écoulement lacrymal. Obstruction du canal lacrymal : Dans ce cas, l’hypersécrétion s’accompagne d’un larmoiement permanent.
Troubles physiologiques généraux : Toute perturbation de l’état de santé du patient se répercute très fréquemment par un excès de sécrétion de la cavité oculaire. Les affections rhinopharyngées sont les plus spectaculaires par l’abondance du flux muqueux qu’elles provoquent, mais une simple fatigue voire une contrariété peuvent suffire à déclencher ce genre de troubles. Les enfants, souvent enrhumés et au sinus encombrés, sont les victimes fréquentes de ces sécrétions chroniques.
c) Causes liées à l‘environnement : Tous les excès de température ou l’exposition au vent provoquent une altération du film lacrymal en surface de la prothèse qui donne une sensation de brûlure, d’irritation de la conjonctive palpébrale avec réaction d’hypersécrétion.
La pollution de l’atmosphère citadine semble être, de plus en plus, à l’origine d’un nombre certain de cas d’hypersécrétion chronique.
Le patient voit alors ses troubles disparaître à l’occasion d’un simple changement d’air... |